Jean-Bruno Renard
   
A propos du Dictionnaire visuel des mondes extraterrestres d'Yves Bosson et Farid Abdelouahab

Ce très beau livre, richement illustré, plaira tout autant au grand public cultivé qu’aux fans de science-fiction et aux amateurs d’ovni et d’entités venues de l’espace. Face à une impossible exhaustivité sur un sujet aussi vaste, les auteurs ont fait le choix d’une ju­di­cieu­se sélection d’images, de thèmes et d’auteurs qui reflètent parfaitement « l’imaginaire extraterrestre », aux deux sens du mot « imaginaire » : images et croyances. L’ouvrage rend compte de la grande variété des manifestations de cet imaginaire : hypo­thè­ses scien­ti­fi­ques, conceptions utopiques, littérature et films de science-fiction, phénomène des sou­cou­pes volantes, iconographie savante et populaire. Le lecteur, sans qu’il doive né­ces­sairement suivre l’ordre alphabétique, est invité à une promenade au travers de 165 no­ti­ces qui mêlent grands classiques du genre et affaires peu connues. Parmi les premiers, citons les entrées sur le film Alien, Kenneth Arnold, premier témoin de soucoupes vo­lan­tes en 1947, les « canaux martiens », Cyrano de Bergerac et son voyage dans la Lune, la série TV « Les Envahisseurs », Fontenelle et Flammarion, promoteurs de l’idée de plura­li­té des mondes habités, Louis de Funès et sa Soupe aux choux, Star Wars, La Guerre des mondes de H. G. Wells, Lovecraft, Maupassant, les prodiges célestes, les incontournables films de Steven Spielberg Rencontres du troisième type et E.T. l’Extraterrestre, le pro­gram­me scientifique SETI (Search for Extra-Terrestrial Intelligence), la série TV « X-Fi­les ». Du côté des histoires peu connues, sinon des spécialistes, mentionnons les airships fantômes de la fin du XIXe siècle, les canulars journalistiques de Richard Locke (1835), d’Edgar Poe (1835) et de Henri de Parville (1864), l’étonnante galerie iconographique des habitants des autres planètes selon le naturaliste Pierre Boitard (1838-1840), les motifs narratifs de l’enlèvement et de l’examen médical pratiqué par les extraterrestres, des « cas ufologiques » comme Prémanon et Quarouble en 1954, des notices sur des col­lec­tion­neurs de faits étranges tels que l’Américain Charles Fort et le Français Aimé Mi­chel. À la qualité des illustrations, la plupart en couleur, s’ajoute la qualité des textes : les notices sont clairement rédigées, non sans humour, et s’appuient sur des références bi­blio­gra­phiques sérieuses. Les auteurs montrent fort bien, au fil des pages, que le discours sur les extraterrestres est finalement une autre manière pour les Terriens de parler d’eux mêmes, de leurs peurs, de leurs fantasmes et de leurs espoirs.

Jean-Bruno RENARD
Professeur à l’Université Montpellier III